Antilles

Les volcans de la Soufrière de Guadeloupe, et de la Montagne Pelée de Martinique sont les deux principaux centres d’activité volcanique des Antilles françaises. Ces deux volcans ont été en éruption au cours du XXème siècle, et représentent un risque important pour les populations environnantes, même si les volcans sont actuellement, et depuis plusieurs décennies, dans un état d’activité faible à modérée. A ce titre, ils demeurent considérés comme actifs par les scientifiques.

Origine de l’arc volcanique antillais

L’activité volcanique des Antilles prend son origine dans la subduction de la lithosphère océanique de la plaque Nord-Américaine sous la plaque tectonique Caraïbe, à l’est de l’archipel, active depuis plus de 30 millions d’années. Les volcans antillais font partie d’un « arc volcanique », construit par des cycles de formation et de dégradation progressive de générations successives d’édifices volcaniques, parfois ceinturés de plateformes carbonatées (corail). La composition des volcans d’arc est caractérisée par des laves principalement trachy-andésitiques, c’est-à-dire présentant une viscosité importante et un contenu important en volatiles (eau magmatique), et donc susceptibles de provoquer des éruptions volcaniques explosives. Ces caractéristiques donnent lieu à la formation d’édifices volcaniques de type strato-volcan (plus de 1000 m d’altitude), avec des pentes fortes, surmontés par des cratères explosifs et/ou induits par des effondrements, parfois remplis de lacs de cratères et/ou associés à la présence de dômes de lave solidifiés.

Les autres volcans importants de l’arc sont Soufrière Hills, en activité éruptive intermittente depuis 1995 (Montserrat), le Morne Trois Piton et son lac bouillonnant (Dominique), la Soufrière de Saint Vincent qui a subi une éruption majeure en avril 2021 (Saint-Vincent-et-les-Grenadines), et le volcan sous-marin Kick’-em Jenny (La Grenade). Ces volcans sont surveillés par le Seismic Research Center et l’University of West-Indies (Trinité-et-Tobago).

Eruptions récentes en Martinique et Guadeloupe

La Montagne Pelée de Martinique et la Soufrière de Guadeloupe ont produit deux éruptions importantes au cours du XXème siècle:

– l’éruption explosive de la Montagne Pelée de Martinique en 1902 a généré des nuées ardentes (coulées pyroclastiques), engendrant la destruction de la ville de Saint Pierre le 8 mai 1902, causant 30 000 victimes.

– l’éruption de la Soufrière de Guadeloupe en 1976-1977, probablement d’origine phréato-magmatique, a provoqué de violentes explosions au sommet du volcan, projetant des blocs de roches et des cendres en haut des flancs de l’édifice.

Les risques associés au volcanisme

A l’échelle des temps géologiques, l’activité des volcans de l’arc antillais a laissé de traces dans le paysage, et provoqué l’accumulation de dépôts volcaniques, à terre et en fond de mer autour des îles, qui permettent de retracer l’historique de l’activité passée. Les volcans antillais sont capables d’engendrer des éruptions magmatiques majeures, provoquant des explosions et la projection de coulées pyroclastiques dangereuses le long de leurs flancs, et pouvant atteindre la bande côtière. En cas d’éruption majeure, ces volcans peuvent projeter de grandes quantités de cendres et d’aérosols dans l’atmosphère, engendrant des risques pour la qualité de l’eau et de l’air ambiant, et présentant un danger pour le trafic aérien. En plus de l’activité volcanique purement magmatique, les centres volcaniques des Antilles sont sujets à de rares (mais dangereuses) déstabilisations gravitaires, partielles ou majeures, qui peuvent générer des tsunamis localement destructeurs. De plus, la présence d’un système hydrothermal au sein de l’édifice volcanique fracturé permet au volcan d’évacuer sa chaleur, mais pose aussi le risque de violentes explosions phréatiques en cas de surpression de fluides, parfois sans signe précurseur. Les fortes précipitations tropicales provoquent également l’érosion et le transport de matériaux et sédiments volcano-clastiques, engendrant régulièrement des torrents de boue et de blocs destructeurs (lahars). Enfin, la zone des Antilles est également soumise à un risque sismique et tsunami important, en raison de la présence de la subduction antillaise.

La surveillance volcanologique

L’activité de la Montagne Pelée de Martinique et de la Soufrière de Guadeloupe est surveillée par les Observatoires Volcanologiques et Sismologiques de Martinique (OVSM) et de Guadeloupe (OVSG), respectivement, sous la coordination de l’Institut de Physique du Globe de Paris. A ce titre, les volcans sont instrumentés par des réseaux de sismomètres et de capteurs de déformation (GNSS, inclinomètres) enregistrant en continu l’activité souterraine. De plus, les émanations de gaz issues des fumerolles et la composition des eaux recueillies au niveau des sources hydrothermales sont régulièrement analysées. Cette surveillance a pour objectif de permettre aux scientifiques de suivre le niveau de l’activité au cours du temps, de détecter les anomalies affectant le système volcanique, et d’élaborer des scénarios d’évolution de cette activité. En fonction de ces indicateurs d’activité, de la compréhension du système volcanique, et de l’état des connaissances scientifiques, les autorités peuvent être amenées à prendre des décisions préventives visant à diminuer l’exposition des populations locales.

Image radar (TerraSAR-X – DLR) du sommet du volcan de la Soufrière de la Guadeloupe

Le suivi de la déformation par imagerie satellitaire apporte des informations supplémentaires sur les changements affectant le volcan, dans son ensemble ou de manière locale, qui viennent compléter le dispositif de surveillance mis en place par les Observatoires Sismologiques et Volcanologiques sur le terrain. Intégrer ces nouvelles approches au sein d’une stratégie de surveillance globale est un enjeu important de la surveillance volcanologique.

Liens utiles

En savoir plus sur les volcans surveillés par ISDeform:

Montagne Pelée (Martinique) : https://www.ipgp.fr/fr/ovsm/montagne-pelee

Soufrière de Guadeloupe (Guadeloupe) : https://www.ipgp.fr/fr/ovsg/soufriere-de-guadeloupe

Surveillance volcanologique et sismologique:

Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP): http://www.ipgp.fr/fr

Observatoire Volcanologique et Sismologique de Martinique (OVSM): http://www.ipgp.fr/fr/ovsm/lobservatoire-volcanologique-sismologique-de-martinique
Observatoire Volcanologique et Sismologique de Guadeloupe (OVSG): https://www.ipgp.fr/fr/ovsg/observatoire-volcanologique-sismologique-de-guadeloupe

Seismic Research Center – University of West Indies (SRC-UWI): https://uwiseismic.com/

Surveillance sismologique:

Centre de données sismologiques des Antilles (CDSA): http://www.seismes-antilles.fr/fr/posts/view/15-reseaux-de-detection-sismique

Réseau Géoscope (IPGP): http://geoscope.ipgp.fr/index.php/en/data/earthquake-data/latest-earthquakes

United States Geological Survey (USGS): https://earthquake.usgs.gov/earthquakes/map/?extent=7.62389,-151.25977&extent=60.06484,-38.75977

Surveillance des émissions volcaniques:

Plateforme VolcPlume (LOA-ICARE): http://jupyter.icare.univ-lille.fr:5054/volcplume

Volcanic Ash Advisories Center (Washington): https://www.ssd.noaa.gov/VAAC/messages.html

Volcanic Cloud Monitoring – NOAA/CIMSS (VOLCAT): https://volcano.ssec.wisc.edu/imagery/view/#sector:West_Indies_2_km::instr:ABI::sat:all::image_type:Ash_Probability::endtime:latest::daterange:480

Surveillance de la qualité de l’air:

Madininair (Martinique): https://www.madininair.fr/

Gwadair (Guadeloupe): http://www.gwadair.fr/

Surveillance du risque tsunami:

Centre d’Alarte au Tsunami (CENALT): http://www.info-tsunami.fr/index.php

U.S. Tsunami Warning System: https://www.tsunami.gov/

Surveillance des aléas météorologiques majeurs:

Météo France: https://meteofrance.gp/fr/cyclone

National Hurricane Center: https://www.nhc.noaa.gov/

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